Mon allaitement ne se passe pas comme prévu : quand les difficultés s'accumulent
- Anne Leclercq
- 13 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 juin
L'image est souvent idyllique : une mère, sereine, nourrissant son bébé dans une bulle de douceur. Mais pour de nombreuses femmes, la réalité de l'allaitement est bien plus complexe. C'est un parcours parfois semé d'embûches, de doutes et de larmes, surtout lorsque plusieurs défis se présentent en même temps.
Imaginez cette situation : une mère dévouée, un bébé qui peine à prendre du poids, un passé de chirurgie mammaire et, pour couronner le tout, un frein de langue restrictif chez le nourrisson. Ce scénario, plus courant qu'on ne le pense, peut transformer le post-partum en une véritable épreuve. Si vous vous reconnaissez dans cette histoire, sachez que vous n'êtes pas seule et que des solutions existent.

Le premier signal d'alarme : la balance
Le premier signe qui inquiète souvent les parents et les professionnels est une prise de poids lente ou stagnante chez le bébé. C'est le symptôme visible qui déclenche une enquête plus approfondie. Loin d'être un échec, c'est une information cruciale qui nous pousse à chercher la cause sous-jacente. Est-ce un problème de succion ? Un manque de lait ? Ou une combinaison de facteurs ?
Démêler le puzzle : une approche pas à pas
Face à une situation complexe, la sage-femme et consultante en lactation certifiée IBCLC, que je suis adopte une approche méthodique. L'objectif n'est pas de trouver un unique coupable, mais de comprendre l'interaction entre la mère et le bébé.
Priorité n°1 : La prise de poids du bébé. Avant toute chose, il faut s'assurer que bébé reçoit assez d'énergie pour grandir. Cela peut passer temporairement par un dispositif d'aide à la lactation (DAL ou SNS), qui permet de compléter l'allaitement directement au sein, stimulant ainsi la production de la mère tout en nourrissant efficacement l'enfant.
Soutenir la production de lait de la mère. Une chirurgie mammaire (réduction ou augmentation) peut avoir un impact sur la quantité de tissu glandulaire et donc sur la capacité à produire du lait. Il est essentiel d'évaluer la situation, de mettre en place des stratégies pour optimiser la production (stimulation fréquente, techniques de compression, parfois des galactagogues sur avis médical) et de rassurer la mère : un allaitement est très souvent possible, même s'il est parfois mixte.
Évaluer la succion et l'anatomie du bébé. C'est ici que les freins restrictifs entrent en jeu. Un frein de lèvre ou de langue (ankyloglossie) peut empêcher le bébé d'ouvrir grand la bouche, de bien prendre le sein et de téter efficacement. Il peut en résulter desdouleurs pour la mère (crevasses, ampoules) et une frustration pour le bébé, qui se fatigue au sein sans parvenir à extraire suffisamment de lait. On observe parfois des ampoules sur les lèvres du bébé, signe qu'il "tète ses propres lèvres" au lieu de retrousser sa bouche correctement.
Le chemin vers le diagnostic : pourquoi n'a-t-on rien vu avant ?
C'est la question qui hante de nombreuses mères : "Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour poser un diagnostic ?" La réponse est dans la complexité. Parfois, l'impact d'un frein est masqué par d'autres problèmes. En regle generale je recommander des thérapies corporelles (ostéopathie, chiropraxie) pour s'assurer que des tensions (liées à la naissance, par exemple) ne sont pas la cause des difficultés de succion.
Ce n'est qu'une fois la prise de poids stabilisée, la production de lait soutenue et les tensions corporelles adressées que l'impact réel du frein restrictif devient parfois de plus en plus une évidence. Je peux dépister un frein, mais le diagnostic final et la décision d'intervenir (une frénotomie) appartiennent à un professionnel formé, comme un dentiste pédiatrique ou un médecin ORL.
Votre intuition est votre meilleur guide
Ce parcours est un marathon, pas un sprint. Il est normal de se sentir découragée, confuse et même trahie quand on a l'impression que son problème n'a pas été pris au sérieux assez tôt.
Retenez ceci : votre intuition de mère est puissante. Si vous sentez que quelque chose ne va pas, que votre bébé n'est pas confortable malgré les premières interventions, continuez à poser des questions. Vous êtes la meilleure avocate de votre enfant.
L'allaitement est un travail d'équipe. Une équipe composée de vous, votre bébé, et des professionnels compétents et à l'écoute. Entourez-vous bien, soyez indulgente avec vous-même et célébrez chaque petite victoire sur ce chemin exigeant mais gratifiant.
Comments